La justice fait taire les locataires! – Communiqué

Collectif

Un grand propriétaire de Montréal intente des poursuites contre des locataires qui rapportent qu’il les a agressés et menacés au couteau. Le SLAM-MATU se mobilise, mais reste censuré par une injonction, leur interdisant de se prononcer publiquement.

À l’approche du désastre annoncé du 1er juillet, personne ne doute plus de l’ampleur de la crise du logement qui sévit à Montréal. Face à l’inaction, voire la complicité des autorités, des personnes s’organisent pour défendre le droit fondamental au logement.

Le Syndicat de locataires autonomes de Montréal (SLAM-MATU) aide depuis 2021 les locataires de l’île à lutter contre les propriétaires abusifs, les hausses de loyer délirantes, les expulsions crapuleuses et le manque d’entretien flagrant des logements qu’ils possèdent.

Le 17 mars dernier, des membres du SLAM-MATU, des locataires, et des soutiens se sont présenté·e·s au bureau de l’agence immobilière Immopolis pour y déposer pacifiquement une pétition. Leur liste de demandes était la suivante :

  • La fin des augmentations arbitraires de loyers pour des logements déjà en mauvais état.
  • Le respect du droit d’être averti 24 h à l’avance, avec assentiment des locataires, avant l’arrivée des propriétaires ou de leurs employés dans les logements loués.
  • Pouvoir communiquer dans une langue accessible aux locataires lorsque ceci est possible pour les propriétaires, que ces communications se fassent respectueusement et dans des délais raisonnables.
  • La maintenance et la propreté des espaces de buanderie collective et de l’ensemble des espaces partagés.
  • La mise en place d’un numéro fonctionnel de contact en cas d’urgence
  • L’installation de caméra de sécurité dans un hall propice au vol.

En réponse à ces demandes simples et légitimes, des personnes ont rapporté que le propriétaire de l’agence a agressé un membre du SLAM-MATU. Ce dernier se serait fait arracher des cheveux et étrangler par le propriétaire et sa mère. Une locataire qui faisait parvenir la pétition se serait fait séquestrer dans les bureaux et aurait été menacée de se faire découper en « un million de morceaux ». Une photo a été prise au moment où la personne s’est fait étrangler. Une autre vidéo montre le propriétaire agitant un couteau alors qu’il semble que la personne était toujours séquestrée à l’intérieur des locaux.

Les propriétaires en question sont Ian Cucurull et sa mère, Martha Cucurull, propriétaires de Gestion Immopolis, anciennement connus sous le nom de Topo immobilier. Ces derniers sont propriétaires de plusieurs dizaines d’immeubles à Montréal (« 130 portes » en 2019 rien que sur le Plateau, selon le comité logement du Plateau Mont-Royal — CLPMR). Ces gros propriétaires sont aussi connus pour diverses accusations de pratiques abusives, accompagnées de méthodes de harcèlement, d’évictions de locataires précaires et de rénovictions. Ils sont spécifiquement connus pour des accusations de harcèlement judiciaire afin d’intimider leurs locataires. En 2017, une quinzaine de personnes avaient contacté le CLPMR à ce sujet. Les bureaux d’Immopolis avaient été occupés par ces derniers le 22 janvier 2019 pour dénoncer cette situation.

Cette fois encore, les Cucurull ont décidé d’utiliser leurs pratiques habituelles pour faire taire les demandes légitimes. Après être passées devant le juge, et en l’absence de la locataire, plusieurs personnes ainsi que le SLAM-MATU sont sous le coup d’une injonction qui les empêche de s’exprimer au sujet de l’affaire. Des plaintes ont aussi été déposées contre les deux membres du SLAM-MATU par Ian Cucurull afin d’empêcher que l’affaire s’ébruite, forçant ainsi le silence de personnes présumées agressées. Ces personnes sont accusées d’assaut, d’intimidation, d’extorsion, de harcèlement et d’entrée par effraction. Exiger de son propriétaire un logement sain revient-il à une demande d’extorsion? Pire encore, le juge a interdit à la personne qui a été séquestrée, locataire des Cucurull, d’être présente dans son propre logement sous peine de bris de condition. Cette personne s’est retrouvée sans domicile pendant près d’un mois, alors qu’elle ne faisait que porter pacifiquement une pétition pour demander des conditions de vie décentes.

La justice, sans surprise, s’est placée du côté des propriétaires contre les demandes légitimes du SLAM-MATU, et accepte de servir d’outil d’intimidation pour la famille Cucurull. Nous invitons toutes les organisations sensibles aux respects des droits de bases à dénoncer cette situation inacceptable et à manifester leur soutien aux personnes victimes de la répression ainsi qu’au syndicat de locataires que les Cucurull essayent de faire taire. Il s’agit clairement d’une attaque contre des droits fondamentaux, contre la liberté d’expression et d’association, et une attaque contre une organisation de solidarité populaire. Pire encore, si le jugement reconnaissait que le dépôt d’une simple pétition revient à une pratique d’extorsion, cette forme de contestation élémentaire pourrait devenir criminalisable par la création de cette jurisprudence.

Nous devons dénoncer les odieuses pratiques de propriétaires comme les Cucurull. Elles ne doivent pas devenir la norme et nous devrions être collectivement en droit de pouvoir lutter contre.

Nous demandons l’arrêt de ces procédures abusives et le respect des demandes des locataires de la part des Cucurull et de Gestion Immopolis.

Nous vous invitons aussi à soutenir financièrement le SLAM-MATU et les personnes accusées. Les frais juridiques s’élèvent déjà à plus de 10.000 dollars. GoFundMe : https://gofund.me/56a0fa22

Une soirée de soutien aura également lieu le 20 mai, 19 h à l’Achoppe (1800 rue Letourneux).

Solidarité avec le SLAM-MATU !

Nous invitons toutes les organisations qui luttent pour la justice sociale à signer cet appel pour exiger l’arrêt des poursuites abusives contre le SLAM-MATU et ses membres !

 

Première Ligne

Parc Ex Anti-Eviction Mapping Project (PEAMP)

Los Angeles Tenants Union (LATU)

Marlenehausprojekt (Lübeck, Allemagne)

Syndicat Industriel des Travailleurs et des Travailleuses – Industrial Workers of the World (SITT-IWW)

Syndicat des étudiant-e-s employé-e-s de l’UQAM (SÉTUE)

Coalition étudiante pour un virage environnemental et social (la CEVES)

P!nk bloc MTL – collectif Queer Radical anticapitaliste

Réseau d’Autodéfense Féministe (RAF)

Bibliothèque transféministe queer La Mandragore

Collectif Ben Trop Cher

Association facultaire étudiante de science politique et droit (AFESPED-UQAM)

Association des étudiantes et étudiants de la Faculté des sciences de l’Éducation (ADEESE-UQAM)

Association Facultaire Étudiante des Langues et Communication (AFELC-UQAM)

Association des Étudiant-e-s en Cycles Supérieurs de Science Politique et Droit (AECSSPD)

Société générale des étudiants et étudiantes du Collège de Maisonneuve (SOGÉÉCOM)

Association étudiante modulaire d’études littéraires (AEMEL-UQAM)

EnVIEUXronnement